samedi 13 février 2010

Matin froid

Reste de nuit
sur la chaussée blanchie-
ombre de vie
sous le porche a son lit.

Le trottoir est givré,
le blanc froid choit
nimbé,
et engourdit les doigts.

À pas pressés
sur le chemin du quotidien :
pavés de bitume,
allées goudronnées,
qu’habitent les regards embrumés,
passant du métro à la nuit,
croiser chacun, de tous à vie.

La ville est froid,
soupirs de renaissance
en buée montent sous les toits.

Sentier d’une éternelle errance
à l’intérieur de soi,
celui qui mène chaque pas
par-delà les rues
au-dessus des ponts,
sur les caillasses de la vie,
les dunes,
les forêts de joies et de bruits ;
celles où l'enfant
s'ennuie.

vendredi 12 février 2010

Suivre éveillé et veiller

Demi de temps à mots comptés,
tes pas chassent dans la nuit
le son des sournois
ridicules : ils sourdent dans mon âme.

Ne pars pas ! je t'en prie...
J'ai peur du noir dedans.
Sentiment plus qu'humain,
inconnu, tu m'effraies.
Amour.

J'ai peur du noir dedans,
du noir-
blanc de ses mots, noir en silence-
je ne peux pas parler.

Demi de temps à mots comptés,
tes pas m'attachent dans la nuit
"à genoux dans ce lieu qui l'accueille"
et je reçois ton sourire doux
qu'est le Sien
à travers ma nuit claire.

mardi 9 février 2010

Chapelle

Goûter la saveur ouvragée
sous la clef de voûte assombrie ;
violon sourd, notes voilées :
l'une au chœur joue, l'autre au banc lit.

Livre, vieux cuir craquelé,
pages écornées et jaunies
courues d'une encre délavée,
couleurs depuis longtemps pâlies ;

posé sur le plat des genoux.
Elle boit les mots du regard.
l'odeur de sens en encens doux
embaume, louange du soir.

Pas feutrés sur la pierre froide.
La musique danse à l'autel,
rejoint, poignante sérénade,
l'encens qui monte à l'Éternel.

Résonnance

Une course effrénée, dressée sur roues
et je m’écroule sur un banc, blanc.
La neige coule sur la ville
épaisse, en fleuve de tissu :
cape effleurant mon monde et recréant ma vue.

Le froid ne m’atteint pas mais le fleuve me prend.
Il marche paisible, silencieux de bleutée.
Captivée je me noie par les yeux.

Une ombre passe
poursuivie par l’odeur de sa cigarette.
Odeur qui joue dans ma mémoire ;

éveille en moi le souvenir de paysages
que m’avaient décrits tes poèmes.
Des paysages humains
violents et remplis de tendresse,
de tes larmes cachées
baignant ton génie de beauté.

Debout !
La Création est un poème
qui ne se construit que par l’homme.
Je souffle ce petit, petit flocon de neige
et je sais que toi tu frissonnes
en résonance avec mes mots.